Notions

  • superdiversité

    Plusieurs  caractéristiques physiques (handicap ou âge par exemple), psychologiques (maladie mentale ou tempérament par exemple) et sociales (sexe et statut socioéconomique par exemple) sont utilisées pour différencier les gens où convergent simultanément plusieurs différences  (Vertovec, 2007)

    D’autres auteurs parlent de « diversité à plusieurs niveaux » - certaines diversités font partie de l'individu lui-même et ne peuvent pas être modifiées (innées), et d'autres sont liées à des éléments qui ont été développés au fil du temps (acquis). Un modèle graphique de ces diversités à plusieurs niveaux a été élaboré par Gardenswartz & Rowe (1998) et peut être utilisé pour identifier la diversité en jeu dans une situation donnée.
    Ce modèle identifie quatre niveaux de diversité :
    1. la personnalité (niveau personnel) ;
    2. la dimension intérieure ;
    3. la dimension extérieure ;
     4. La dimension organisationnelle. Le cœur du problème est le niveau considéré comme intangible ou  le « minimum minimorum ».
    (définitions proposées par UNIMI, projet Migraid , 2019)

  • stéréotypes

    En psychologie sociale, un stéréotype est une représentation caricaturale figée, une idée reçue, une opinion toute faite acceptée et véhiculée sans réflexion, concernant un groupe humain ou une classe sociale. Des synonymes sont : préjugé, cliché, poncif. Le concept  a été introduit par le journaliste et commentateur politique américain Walter Lippman (1889-1974) dans son ouvrage "L'Opinion politique" (1922) pour qualifier des "images mentales" résistant à tout changement ou à toute remise en cause.
    Les stéréotypes sont des représentations sociales standardisées qui catégorisent de manière rigide et persistance tel ou tel groupe humain. En proposant une grille de lecture simplificatrice, basée sur des a priori, ils déforment et appauvrissent la réalité sociale. Le but est de rationaliser la conduite à tenir vis-à-vis du groupe en question. Ce mode de raisonnement permet d'éviter de tenir un discours argumenté et de critiquer ceux que l'on ne connaît pas. Le stéréotype est construit par effet de contraste en accentuant des différences entre le groupe social concerné et les autres ou par effet d'assimilation en mettant en avant des ressemblances au sein du groupe. Les stéréotypes qui se réfèrent aux caractéristiques ethniques ou culturelles des étrangers alimentent des attitudes racistes et xénophobes et sont à l'opposé des idées humanistes sur l'universalité des droits de l'Homme. (La Toupie, 2020)

    Les stéréotypes et les préjugés envers certains groupes apportent systématiquement une distorsion du jugement lors d'une attribution causale. Cette erreur d'attribution est d'autant plus forte que le conflit intergroupe est de longue durée (conflit historique), que l'appartenance au groupe est saillante (la distinction est visible), qu'il y a de forts préjugés par rapport à l'exogroupe. Ses conséquences sont : un entretien du conflit intergroupe et la justification des actions violentes envers l'exogroupe pouvant aller jusqu'à son éradication (génocide).

    Les stéréotypes ont un double impact :  ils sont souvent intériorisés par les personnes qu’ils visent et sont sources d’autocensure ; - ils influencent les décisions des acteurs en légitimant pour leur auteur un traitement différent en se basant sur des attributs qu’ils prêtent à une catégorie de personnes.  On passe d’un stéréotype à un comportement discriminatoire de la manière suivante : catégorisation,  stéréotypes et préjugés, stigmatisation, stéréotypes discriminatoires, actes et comportements discriminatoires, racisme, sexisme, xénophobie, homophobie 

    Dans le domaine de l’éducation, tant dans l’enseignement primaire que dans l’enseignement secondaire, les stéréotypes liés au sexe jouent un rôle trop rarement perçu dans l’orientation des élèves. Dans l’emploi, les stéréotypes génèrent des présupposés au sujet des compétences et des aptitudes à exercer certaines fonctions (« les hommes dirigent mieux les équipes car ils gèrent mieux le stress que les femmes », « une directrice des ressources humaines sera plus à même qu’un homme de comprendre la souffrance des employés » etc.).

    Selon une logique similaire, les personnes peuvent subir des discriminations fondées sur des stéréotypes pour l’accès au logement : couples homosexuels, personnes handicapées, familles monoparentales, descendants d’immigrés

     

    La Toupie, 2020
  • soft power

    inventé  il y une vingtaine d’années par Joseph Nye, le concept désigne « les méthodes d’influence développées par un Etat qui ne s’appuient pas sur la violence mais sur des éléments idéologiques ou culturels en vue de satisfaire les intérêts de la nation qui les met en œuvre ». Il peut utiliser des méthodes  brutales comme la coercition, ou au contraire user de moyens plus fins comme l’incitation ou la séduction. Dans tous les cas, il cherche à influencer les décisions  politiques en faisant apparaitre certains choix comme prioritaires, pour qu’ils s’imposent par leur crédibilité et leur légitimité.

    Nye, 1990
  • stratégie

    directe- art d’utiliser l’existence, la manœuvre ou l’engagement des forces militaires considérées comme moyen principal de l’action du pouvoir politique en vue d’atteindre les buts qu’il s’est fixés

    générale- art de créer, de déployer et de mettre en œuvre les moyens en vue d’atteindre dans un domaine ordonné les objectifs de la stratégie totale

     militaire ou génétique : art de concevoir, réaliser et organiser les moyens humains et matériels des forces armées en systèmes cohérents conformes aux buts affichés au niveau de la stratégie générale (militaire)

     indirecte – art d’exploiter au mieux la liberté d’action pour rechercher la décision en agissant dans les domaines non militaires ou avec des moyens militaires limités (moyen de  dissuasion)

    opérationnelle- art de coordonner à l’échelon des théâtres les opérations de forces de nature différente, pour mener à bien la manœuvre stratégique dans une aire géographique déterminée

    totale- art de combiner les moyens dans les différents domaines (militaire, économique, diplomatique…) où peut agir le pouvoir politique pour atteindre les buts qu’il s’est fixés

    Etat-major de l’armée de terre, 1988
  • sexisme

    Attitude discriminatoire adoptée à l'encontre du sexe opposé (principalement par les hommes qui s'attribuent le meilleur rôle dans le couple et la société, aux dépens des femmes reléguées au second plan, exploitées comme objet de plaisir, etc.).

    CNRTL, 2012
  • statistiques ethniques & tabou républicain

    la production de statistiques ethniques est interdite en France car elle ne paraît pas compatible avec le modèle républicain d’intégration qui ne distingue pas les individus en fonction de la couleur de leur peau ou de leurs origines, contrairement à l’usage en cours dans certains pays anglo-saxons

    Vie publique, 2019
  • Sionisme

    une idéologie et un mouvement politique, nés en Europe dans le dernier quart du xixe siècle. La reconstitution d’une nation juive, formant un corps politique visant la création d’un État souverain en Terre d’Israël (Eretz-Israël), constitue l’objectif fondamental de cette doctrine et de ce mouvement. Le terme vient du mot « Sion » qui, depuis la destruction du premier Temple, désigne Jérusalem et apparaît de façon récurrente dans les textes de la tradition juive. D’une façon plus générale, Sion évoque l’aspiration permanente du peuple juif, exilé loin de son berceau historique et dispersé parmi les nations, à revenir un jour sur sa terre, la Terre d’Israël. Le concept de « sionisme » est apparu à la fin du XIXe siècle pour désigner le mouvement dont le but politique (et non religieux ou philanthropique) était le retour organisé des Juifs en Eretz-Israël. Inventé par Nathan Birnbaum dans son journal Selbstemanzipation ( 1er avril 1890), il a été repris  par le journaliste viennois Théodore Herzl qui lui a donné un  sens politique précis, lors de la préparation du premier Congrès sioniste tenu à Bâle en 1897 : l’acquisition de la souveraineté sur un territoire juif indépendant.

    Ilan Greilsammer, 2005
  • Sexuation

    le choix du sexe qui est déterminée non par les identifications (le genre), mais par les modalités de jouissance dans un rapport au phallus et à la castration (toute phallique ou pas-toute phallique) ; « la psychanalyse lacanienne sait que certains hommes sont des femmes »

    Macary-Garipuy, 2006
  • service public

    la notion est essentielle en France. La "défense" du service public et la crainte de sa "remise en cause" sont des thèmes récurrents du débat politique. Son périmètre est variable dans le temps et dépend de la définition qu’en ont la population et le pouvoir politique à un moment donné. De plus, l’expression désigne deux éléments différents : une mission, qui est une activité d’intérêt général, et un mode d’organisation consistant, de façon directe ou indirecte, à faire prendre en charge ces activités d’intérêt général par des personnes, soit publiques (État, collectivités territoriales, établissements publics) soit privées, mais sous le contrôle d’une personne publique.

    Vie-publique, 2021
  • ségrégation (des zones métropolitaines)

    à partir de l’exemple des zones urbaines américaines, les niveaux élevés de ségrégation urbaine des Noirs, résultent de cinq facteurs qui se recoupent.

    conditions économiques et démographiques non raciales qui expliquent les schémas résidentiels.

    comportements reflétant les préférences (qui dans un sens péjoratif pourraient être appelés « des préjugés ») des Noirs et des Blancs concernant la composition raciale souhaitée du quartier dans lequel ils aimeraient vivre.

    comportements discriminatoires (et illégaux) de la part des acteurs du marché immobilier, y compris les membres des institutions impliquées dans ce processus (par ex. agents immobiliers, courtiers en crédits immobiliers, etc.).

    institutions gouvernementales à travers lesquelles le processus de répartition immobilière s’opère, ayant pour effet d’encourager ou de faciliter la ségrégation résidentielle.

    politiques publiques, qui ont un effet direct ou indirect sur le processus de répartition immobilière.

    Massey et Denton cités par Turner et Wolman, 2006
  • Storytelling

    « art de la narration » et du récit

    Une interprétation critique proposée par Christian Salmon (2007)  dénonce une « machine à fabriquer des images » et à « formater les esprits ». Ce ne serait pas un phénomène social mais « l’instrument d’élites financières et du pouvoir » central qui s’empareraient de cette « arme  de contrôle et de manipulation  des consommateurs et du citoyen ». Ce serait donc une « injonction née de l’économie de marché » au départ utilisée comme technique de marketing qui se serait diffusée aux instances de pouvoir et de politique

    Une définition positive est suggérée par Nelly Quemener (Université de Laval, 2012) qui suggère de « penser la relation entre narration, récit, langage et modes de reconnaissance et d’existence des individus avant d’en conclure à un formatage des esprits ».

    Elle insiste sur le fait que « ce récit contemporain s’agence de manière complexe en différents niveaux de signification à travers diverses formes médiatiques ». Des contre-pouvoirs existent dans les démocraties pour permettre d’éclairer le citoyen, elle croit qu’un « pouvoir participe des publics aux médias et cultures contemporains » (en citant Jenkins, 2008).

    Elle se base sur les travaux de Katz et Lazarsfeld (1955) qui ont « contredit la thèse d’une omnipotence du pouvoir centralisateur et de réunification des médias dans une société atomisée et irrationnelle ». Il existe en effet « des paliers et des médiations multiples entre les médias et les décisions prises par les citoyens et les consommateurs » .

    Elle  évoque un « espace public qui se reconfigure en permanence avec la circulation du pouvoir en des centres dispersés, les processus de visibilisation/invisibilisation et l’ouverture d’espaces subculturels » , en citant les travaux de Beck (2001).

    Le récit n’est donc pas « une construction artificielle ou une fiction imposée par des instances au pouvoir incontesté » mais un « moyen d’appréhender le réel » à la disposition des publics (De Certeau, 1990).

    Le storytelling peut donc être un « lieu de controverses, de défense et de déstabilisation des identités » grâce à des « constructions souvent ambivalentes entre réalité et fiction ». Cette « mise en récit est alors au cœur d’une lutte pour la reconnaissance dans l’espace public », « un des modes performatifs », « un moyen de contestation  parmi d’autres des modèles établis ».

    Le récit reste au « cœur de la définition du pouvoir et de la performativité ».  Le citoyen est confronté à une « multiplication des versions de soi possibles » et finalement choisit le récit qui lui semble le plus convaincant, il exerce donc pleinement sa citoyenneté, possible dans une démocratie avec une pluralité de partis politiques et des médias.

    Salmon, 2007 ; Nelly Quemener, Université de Laval, 2012
  • smart power

    Les stratégies du smart power allient  des instruments de hard power que sont la coercition et l’ argent, et ceux du soft power que sont la séduction et la persuasion. Une «  grande puissance » ne se définit plus uniquement comme un pays capable de remporter une guerre puisque dans l’ ère de l’information, le succès dépend également de l’histoire que l’ on raconte (« storytelling ») . Ce concept de smart power est important pour comprendre l’ équilibre des puissances au XXIe siècle. Ses stratégies doivent inclure des stratégies d’information et de communication. La définition des normes et des enjeux gagne ainsi en importance.

    Joseph Nye "L'équilibre des puissances eu XXième siècel" , Editions Choiseul, 2013)